
"MAX", film de 2003, de Menno Meyjes, avec John Cusack , Noah Taylor.
Film tourné à Budapest, pour retrouver l'ambiance du Münich de 1918.
Max est un personnage imaginaire, qui a perdu son bras droit pendant la Grande Guerre, qui renonçant à la peinture, décide de tenir une galerie d'art, exposant des artistes modernes tels que Max Ernst...C'est l'histoire d'une rencontre entre cet homme et le caporal Hitler qui a servi lui aussi pendant la guerre 14-18. Hitler vit dans une caserne et rencontre par hasard Max Rothman et lui montre ses oeuvres d'art, des esquisses de guerre...Hitler considère l'art comme une continuité des oeuvres antérieures, pour lui les oeuvres modernes sont un non sens. Hitler est convaincu d'être un grand peintre, un bâtisseur, mais Max lui demande de "gratter" derrière ses esquisses, d'aller au-delà. Seulement, le jeune Hitler sèche devant la toile, il n'arrive pas à créer comme Max le lui a suggéré son moi profond, tel que le réalise Ernst.
Les dessins de Hitler ne se vendent pas, Max les définit comme de l'art de guerre, mais ne veut pas les exposer dans sa galerie .Dans le même temps, hitler est initié à l'art de la rhétorique par sa hiérarchie militaire, dégoutée de la défaite et des conclusions du Traité de Versailles. Hitler hésite entre l'art et la politique et définit finalement que la politique est un art nouveau. Noah Taylor joue un Hitler jeune, déjà névrosé , un personnage charismatique naissant, avec des visions précises de son futur Reich à mettre en place.
Parallèlement, le cinéma s'est intéressé à la fin de la vie du Fürher dans "la Chute" , un film de Oliver Hirschbiegel, avec Bruno Ganz dans le rôle de Hitler.
Entre les deux films: un homme politique en devenir et dans " la chute" un homme fini, épuisé. La chute est une représentation controversée de l'homme, qui a fait dire à la critique tout le danger que suscitait le portrait décadent, fini, détruit, du dictateur en fin de vie, diminué à deux doigts du suicide retranché dans son bunker.
Deux films étonnants, parfaitement bien joués par les acteurs qui rentrent dans le personnage avec une grande force.
Le cinéma ose désormais montrer le dictateur à des instants ciblés de sa vie.
L'art cinematographique teuton ose même tourner au ridicule le personnage? Le pays s'est-il "affranchi" de la honte de son histoire? L'autodérision est-elle possible?
L'art est-il le plus sûr moyen d'exorciser des traumatismes? Est-il opportun de conserver intacte un passé peu glorieux? Autant de questions posées sur le devoir de mémoire et les horreurs perpétrées par l'humanité. L'histoire est un éternel recommencement, et malgré cette mémoire, les mêmes erreurs se reproduisent, inlassablement sous notre nez, guerres de religions incessantes et ethniques perpétuelles en ex-Yougoslavie, génocide du Rwanda, la défense des eaux du Jourdain...
Spectateurs, voyeurs...
Au cinéma, on scande "Action"!
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