
Carnet de guerre suite
Pour de bon j’entre dans le vif du sujet, je fais un bon en arrière de plus de 90 ans pour reprendre le cours des événements locaux dans la grande mouvance de cet été 1914.
Mon arrière-grand-père paternel, dès son incorporation, jette sur le papier, (un carnet de petite dimension 35mm sur 55mm) le quotidien de sa vie de soldat.
Deux carnets sont remplis d’indications , eux-mêmes protégés dans une grosse toile d’époque. L’encre violette n’est pas trop altérée mais subsistent des zones d’ombre sur les lieux, les noms de personnes et sigles indéchiffrables … Dans l’expectative, et sans autre moyen de vérifier, malgré l’outil internet, les cartes postales envoyées à sa famille qui constituent des éléments complémentaires de la correspondance conservée, certains mots resteront en Italique.
Ne cherchant pas à romancer ces « mémoires » familiales, la retranscription est entièrement tirée du texte original.
Campagnes de 1914
3 août :
Départ d’Amboise à 9h du matin pour Poitiers ; arrivés à 14 heures dans l’après-midi, dirigés au 20ème XXX .
Puis envoyés à Biard.
Cela commence à paraître dur, car on ne trouve pas grand-chose, et il nous faut coucher sur la paille et ce n’est que le début.
Pour de bon j’entre dans le vif du sujet, je fais un bon en arrière de plus de 90 ans pour reprendre le cours des événements locaux dans la grande mouvance de cet été 1914.
Mon arrière-grand-père paternel, dès son incorporation, jette sur le papier, (un carnet de petite dimension 35mm sur 55mm) le quotidien de sa vie de soldat.
Deux carnets sont remplis d’indications , eux-mêmes protégés dans une grosse toile d’époque. L’encre violette n’est pas trop altérée mais subsistent des zones d’ombre sur les lieux, les noms de personnes et sigles indéchiffrables … Dans l’expectative, et sans autre moyen de vérifier, malgré l’outil internet, les cartes postales envoyées à sa famille qui constituent des éléments complémentaires de la correspondance conservée, certains mots resteront en Italique.
Ne cherchant pas à romancer ces « mémoires » familiales, la retranscription est entièrement tirée du texte original.
Campagnes de 1914
3 août :
Départ d’Amboise à 9h du matin pour Poitiers ; arrivés à 14 heures dans l’après-midi, dirigés au 20ème XXX .
Puis envoyés à Biard.
Cela commence à paraître dur, car on ne trouve pas grand-chose, et il nous faut coucher sur la paille et ce n’est que le début.
4 aout
Passer la visite du major
Verser au dépôt 62ème batterie
Il fait horriblement chaud
5 août
Nous restons toujours dans une ferme. C’est assez curieux de nous voir, il y en a à peu près un tiers qui sont habillés en uniforme, le reste en civil.
6 août
On nous amène des chevaux de réquisition, pauvres bêtes.
On les attache à une corde dehors, les méchants à part. Ils sont beaux. On ne peut pas en sangler une partie parce qu’ils ont trop de corps, mais avec la ration réglementaire, ils diminueront bien.
7 août
Repasser la visite du major, auquel je demande à partir avec ma Cie 2ème. Me disant que je peux partir, je vais au bureau me faire inscrire.
Touché du matériel de guerre, caissons et armes.
Aujourd’hui, je suis habillé en militaire et ce n’est pas difficile, chacun choisit dans le magasin ce qu’il lui faut.
8 août
Mener des chevaux réformés à la Chauvignerie.
Revenu avec un camarade par Poitiers où nous dînons et achetons plusieurs articles pour partir le 10 , assister aux décorations des pièces de notre batterie qui sont couvertes de drapeaux et de bouquets.
Rentrés à la ferme à 23 heures.
9 août
Promenade dans les champs de tir avec nos caissons pour habituer les chevaux ; ne va pas très bien pour commencer.
Touché les verres des réserves, biscuits, cafés, viandes de conserve, potages condensés. Le soir de garde aux portes. Dans la nuit entendu les trompettes qui sonnent les rassemblements pour partir, car depuis le matin les départs se succèdent de 3 heures en 3 heures pour les batteries
10 août
Grand désarroi dès le matin : c’est aujourd’hui que l’on part et il faut finir en vitesse ; dans l’équipe, on passe en revue les sacs et les musettes pour voir si tout est au complet.
Je suis désigné comme brancardier, mon camarade Martin, avec qui j’ai fait mon congé est versé dépôt par suite d’un accident au pied.
A midi et demi, départ pour le grand pont, quai d’embarquement d’où on part vers quinze heures trente.
Passés à Port de Piles (dans la Vienne), où l’on nous donne du vin et des gerbes de fleurs.
Nous en avons déjà reçu pas mal en partant de Biard
Passés à Saint-Pierre des Corps vers 7 heures un quart, rencontré Mme Martin à qui je donne des nouvelles de son mari.
Nous repartons après avoir touché du café et de l’eau alcoolisée.
Nous passons à Amboise vers 9h du soir.
Trois minutes me suffisent pour sauter du quai et serrer les mains de quelques amis qui sont là pour voir passer les trains qui ne cessent de passer. Malgré al nuit, je vois bien les côtés de la Mazère (lieu-dit, entre Pocé-sur-Cisse et Nazelles-Négron -37) et c’est le cœur serré que je les regarde encore une fois.
Souhaitons et espérons que nous y reviendrons d’ici peu.
Passage à Blois et Les Aubrais au milieu de la nuit puis nous prenons la ligne de Montargis. Depuis notre départ de Poitiers, nous croyons que nous allons à Chalon sur Saône.
11 août
Arrivés à Montargis à 5heures du matin ou l’on « gare » une heure environ et là on nous donne du café, puis nous passons à Troyes à quelques kilomètres avant d’arriver à cette dernière ville.
S’est produit, il y a quelques jours un déraillement, 10 minutes d’arrêt et défense de descendre du train, cependant on a soif et faim, car il fait une chaleur accablante, et dans nos wagons à bestiaux, on commence à être las.
On continue notre voyage sur Sens, en recevant d’un bout à l’autre des signes d’encouragement et d’adieux des civils qui sont massés sur les abords de la grande ligne. Cela est assez triste de voir toutes ces femmes et enfants agiter les uns leurs mouchoirs, les autres leurs petites mains.
A Sens, nous trouvons les dames de la croix Rouge qui nous donnent de l’eau à la glycine, du chocolat, du pain et des cartes postales et nous prenons la direction de l’Est. Le bruit court que nous devons rester à Bar le Duc ; Chalon, on y pense plus.
Pour moi, j’en suis content, car ayant passé sept jours en 1905, dans cette petite ville et ayant été très bien accueilli, j’aurai au moins le plaisir de retourner dire un petit bonjour à M. Huret.
Nous arrivons et là encore, nous somme très bien reçus par les dames de la Croix Rouge qui nous donnent à boire et à manger et des cartes. Je demande des nouvelles de la personne que je connais ici, et j’ai le bonheur d’apprendre qu’il est en bonne santé et marié. Je lui fais souhaiter le bonjour et un quart d’heure après nous repartons, toujours dans l’Est-il est environ 5 heures du soir- puis nous arrivons à Bacon (dans le texte). Grande bifurcation. Là, on croyait encore descendre, non, il nous faut aller plus loin, puis c’est Bologne (dans le texte) où je réussis à acheter du pain et un bidon de vin. Puis voilà encore la nuit qui arrive, on passe à Toul à minuit. Réveillé en sursaut, je saute du train et cours aux WC et peu s’en fallut que je manquasse mon train car nous ne sommes pas encore arrivés. On a mal aux reins car nous n’avons que les planches des wagons pour nous servir de sommier. Enfin, à deux heures du matin, le 12 on nous réveille...
Passer la visite du major
Verser au dépôt 62ème batterie
Il fait horriblement chaud
5 août
Nous restons toujours dans une ferme. C’est assez curieux de nous voir, il y en a à peu près un tiers qui sont habillés en uniforme, le reste en civil.
6 août
On nous amène des chevaux de réquisition, pauvres bêtes.
On les attache à une corde dehors, les méchants à part. Ils sont beaux. On ne peut pas en sangler une partie parce qu’ils ont trop de corps, mais avec la ration réglementaire, ils diminueront bien.
7 août
Repasser la visite du major, auquel je demande à partir avec ma Cie 2ème. Me disant que je peux partir, je vais au bureau me faire inscrire.
Touché du matériel de guerre, caissons et armes.
Aujourd’hui, je suis habillé en militaire et ce n’est pas difficile, chacun choisit dans le magasin ce qu’il lui faut.
8 août
Mener des chevaux réformés à la Chauvignerie.
Revenu avec un camarade par Poitiers où nous dînons et achetons plusieurs articles pour partir le 10 , assister aux décorations des pièces de notre batterie qui sont couvertes de drapeaux et de bouquets.
Rentrés à la ferme à 23 heures.
9 août
Promenade dans les champs de tir avec nos caissons pour habituer les chevaux ; ne va pas très bien pour commencer.
Touché les verres des réserves, biscuits, cafés, viandes de conserve, potages condensés. Le soir de garde aux portes. Dans la nuit entendu les trompettes qui sonnent les rassemblements pour partir, car depuis le matin les départs se succèdent de 3 heures en 3 heures pour les batteries
10 août
Grand désarroi dès le matin : c’est aujourd’hui que l’on part et il faut finir en vitesse ; dans l’équipe, on passe en revue les sacs et les musettes pour voir si tout est au complet.
Je suis désigné comme brancardier, mon camarade Martin, avec qui j’ai fait mon congé est versé dépôt par suite d’un accident au pied.
A midi et demi, départ pour le grand pont, quai d’embarquement d’où on part vers quinze heures trente.
Passés à Port de Piles (dans la Vienne), où l’on nous donne du vin et des gerbes de fleurs.
Nous en avons déjà reçu pas mal en partant de Biard
Passés à Saint-Pierre des Corps vers 7 heures un quart, rencontré Mme Martin à qui je donne des nouvelles de son mari.
Nous repartons après avoir touché du café et de l’eau alcoolisée.
Nous passons à Amboise vers 9h du soir.
Trois minutes me suffisent pour sauter du quai et serrer les mains de quelques amis qui sont là pour voir passer les trains qui ne cessent de passer. Malgré al nuit, je vois bien les côtés de la Mazère (lieu-dit, entre Pocé-sur-Cisse et Nazelles-Négron -37) et c’est le cœur serré que je les regarde encore une fois.
Souhaitons et espérons que nous y reviendrons d’ici peu.
Passage à Blois et Les Aubrais au milieu de la nuit puis nous prenons la ligne de Montargis. Depuis notre départ de Poitiers, nous croyons que nous allons à Chalon sur Saône.
11 août
Arrivés à Montargis à 5heures du matin ou l’on « gare » une heure environ et là on nous donne du café, puis nous passons à Troyes à quelques kilomètres avant d’arriver à cette dernière ville.
S’est produit, il y a quelques jours un déraillement, 10 minutes d’arrêt et défense de descendre du train, cependant on a soif et faim, car il fait une chaleur accablante, et dans nos wagons à bestiaux, on commence à être las.
On continue notre voyage sur Sens, en recevant d’un bout à l’autre des signes d’encouragement et d’adieux des civils qui sont massés sur les abords de la grande ligne. Cela est assez triste de voir toutes ces femmes et enfants agiter les uns leurs mouchoirs, les autres leurs petites mains.
A Sens, nous trouvons les dames de la croix Rouge qui nous donnent de l’eau à la glycine, du chocolat, du pain et des cartes postales et nous prenons la direction de l’Est. Le bruit court que nous devons rester à Bar le Duc ; Chalon, on y pense plus.
Pour moi, j’en suis content, car ayant passé sept jours en 1905, dans cette petite ville et ayant été très bien accueilli, j’aurai au moins le plaisir de retourner dire un petit bonjour à M. Huret.
Nous arrivons et là encore, nous somme très bien reçus par les dames de la Croix Rouge qui nous donnent à boire et à manger et des cartes. Je demande des nouvelles de la personne que je connais ici, et j’ai le bonheur d’apprendre qu’il est en bonne santé et marié. Je lui fais souhaiter le bonjour et un quart d’heure après nous repartons, toujours dans l’Est-il est environ 5 heures du soir- puis nous arrivons à Bacon (dans le texte). Grande bifurcation. Là, on croyait encore descendre, non, il nous faut aller plus loin, puis c’est Bologne (dans le texte) où je réussis à acheter du pain et un bidon de vin. Puis voilà encore la nuit qui arrive, on passe à Toul à minuit. Réveillé en sursaut, je saute du train et cours aux WC et peu s’en fallut que je manquasse mon train car nous ne sommes pas encore arrivés. On a mal aux reins car nous n’avons que les planches des wagons pour nous servir de sommier. Enfin, à deux heures du matin, le 12 on nous réveille...
Commentaires
Vivement la suite du carnet, au boulot !!