23 août
Nous nous reculons de 5km de Lunéville. Là on fait la soupe aux légumes car on en prend là où on en trouve. Le bruit se répand que les allemands ont été massacrés à Lunéville et à Nancy par l’Infanterie Cie . Il paraît qu’hier nous leur avons infligé 45 000 hommes hors du combat.
Le temps est assez beau et nous campons à la belle étoile. Nous sommes sur un des points culminants de la Lorraine. On est un peu mieux que les jours passés. On trouve de la bière qui est très bonne à 3,30 francs la bouteille et comme nous avons formé le parc que dans des prairies, on se trouve mieux sur les hauteurs que dans les marécages.
Les boches demanderaient une amnistie pour enterrer leurs morts.
Nous nous reculons de 5km de Lunéville. Là on fait la soupe aux légumes car on en prend là où on en trouve. Le bruit se répand que les allemands ont été massacrés à Lunéville et à Nancy par l’Infanterie Cie . Il paraît qu’hier nous leur avons infligé 45 000 hommes hors du combat.
Le temps est assez beau et nous campons à la belle étoile. Nous sommes sur un des points culminants de la Lorraine. On est un peu mieux que les jours passés. On trouve de la bière qui est très bonne à 3,30 francs la bouteille et comme nous avons formé le parc que dans des prairies, on se trouve mieux sur les hauteurs que dans les marécages.
Les boches demanderaient une amnistie pour enterrer leurs morts.
24 août
L’amnistie n’est pas acceptée dans les conditions demandées. Il ont 7 heures au lieu de 48h.
Belle journée.
Le soir, on aperçoit le village de Hudiviller qui est en flammes.
25 août
On aperçoit l’éclatement d’obus allemands à différentes hauteurs, ce qui prouve leur irrégularité. Beau temps, vent froid menaçant à la pluie, comme les jours précédents on bivouaque, malgré le froid.
26 août
Réveil à 3heures, on est bien reposé depuis 3 jours que nous y étions. On en avait besoin et nos chevaux aussi, mais il y en a bien 15 sur 240 qui sont morts ou qui vont périr ici.
A 4heures, départ : Bayon, Méhoncourt. Là on trouve passablement des cadavres de soldats français qui sont déjà en putréfaction. Beaucoup de maisons sont brûlées. Puis nous passons Einvaux. Entre ces deux derniers villages, nous voyons des quantités de cadavres surtout jusqu’à la ligne de chemin de fer qui est très encaissée, beaucoup de coloniaux, entre autres, deux se tiennent les bras, passés autour du cou, un ayant une blessure dans la poitrine. Son camarade lui aura porté secours, et ils sont morts tous les deux en s’embrassant, du moins cela en a l’air. C’est navrant et tous, nous avons le cœur remué par ce tableau. Puis nous passons la ligne. Là, autant sinon plus de cadavres, mais ce sont des boches. Il y en a un dont les jambes sont au moins à 10 mètres du corps ; à côté, un autre n’a plus de tête et a le ventre ouvert.
Quelle horreur, quand même.
Nous suivons sur Landécourt. Comme on était en repos sur le bord de la prairie, tout d’un coup on entend un sifflement. Ce sont deux obus boches qui viennent de tomber à 100 mètres de nous environ, puis deux autres aussitôt après, et c’est tout. Nous voyons nos pièces tirer, elles sont à 500 mètres de nous environ. Puis nous ravitaillons la batterie et retournons former notre parc à Einvaux, où l’on arrive à la nuit toute noire et par la pluie et le froid. Heureusement ici, on trouve du vin d’Algérie à 0,50 f le litre. Depuis longtemps, on était habitué à le payer 1, 25f et plus. Comme nous n’avons pas de pain et que nous n’avons presque pas mangé de la journée, on fait cuire des pommes de terre, mais elles étaient à moitié cuites quand les conducteurs arrivent et on les mange telles qu’elles sont et sans sel. Ce n’est pas bon, mais on ne devient pas délicat.
On cantonne dans une grange à même le sol.
27 août
Départ à 7heures après avoir bu un bon café.
On a touché des vivres cette nuit, nos bidons sont pleins et malgré la pluie et le froid on part tout réconforté.
Passé à Moriviller.
Toujours le même spectacle s’offre à nos yeux. : des cadavres, des chevaux en putréfaction. Ici, les vandales, les satyres , on ne peut trouver assez de mauvais mots pour les qualifier, ont tué une femme (accouchée depuis 8 jours) dans son lit, l’éventrant d’un coup de sabre et le bébé le lançant contre le mur.
Nous nous retirons à Clayeures. Dans la soirée, un obus vient y tuer un soldat et en blesser trois autres.
28 août
Journée de bivouac.
Le bruit court qu’un état major allemand a été fait prisonnier, un général et 16 officiers.
Temps toujours à la pluie.
29 août
7h30 départ. Direction les Vosges, à 3 km au Sud-Est, nous nous arrêtons à Rozelieures. Cette commune a beaucoup souffert : presque toutes les maisons ont souffert des obus,et plus d’un quart ont été tués la proie aux flammes.
Ici, il y a eu un engagement sérieux et 460 hommes de notre infanterie (10em et 210) ont été fauchés par les mitrailleuses boches qui étaient installées au premier, dans les maisons et dans l’église. Les allemands ont subi de lourdes pertes en se retirant. On peut compter 1500 morts de leur côté.
L’air est infect, on ne peut s’écarter à 100 mètres de notre parc, sans rencontrer de cadavres. Le bruit se répand que l’artillerie légère boche manque de munitions.
Quel désastre que la guerre.
On ne reçoit toujours pas de nouvelles des siens, ce qui fait paraître encore plus cruel, si cela est possible.
Temps beau.
Nous sommes dans une prairie sur le bord d’un ruisseau, où il y a des écrevisses. Beaucoup en pêchent. Quoique très amoureux de cette pêche, je ne m’en occupe pas. Je trouve l’eau trop sale et comme il y a quantité de cadavres dans ces cours d’eau, le poisson ne me tente pas.
30 août
Ce soir, on se prépare à reculer. Les boches, armés depuis 3 jours, cherchent à faire une trouée.
La canonnade est très vive. N’ayant pu y échapper, nous passons la nuit ici, et ces nuits ne sont pas chaudes surtout dans ces pays marécageux. Je suis atteint de la dysenterie depuis quelques jours, je maigris à vue.
31 août
A minuit et demi, nous partons pour le ravitaillement, en arrivant avec tous les hommes et les chevaux, mon caisson est désigné pour remplacer un caisson qui prit feu par l’éclatement d’une marmite qui est tombée dessus. Mais comme il faut des obus explosifs et qu’il contient de la mitraille, on en prend un autre.
Nous sommes auprès du village de Serouville. Nous repartons pour notre bivouac à 5heures et demi, les boches nous ayant aperçu sur une crête, nous lancent des obus sur un parcours de 1500 mètres environ jusqu’au village de Vennezay. Comme nous sommes décidés à partir de cet endroit, ils cessent ils peuvent se flatter de nous avoir fait friquer une jolie charge.
Sur le bord de notre route, les terrains sont déformés par nos obus et quantités de cadavres boches gisent pêle-mêle et quelle odeur, c’et écoeurant ! on ne mange qu’avec dégoût.
Le caisson brûlé que nous avons ramené coûte la vie à 7 de nos camarades et 16 blessés de la 5eme batterie ; il est couvert de sang et des poils y sont encore collés. Le malheureux qui était dessus a eu le ventre enlevé et les bras coupés.
Temps beau.
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